CD : Haikus. Ici, d’ailleurs
On connaissait l’homme, chanteur au sein de Mendelson et acteur du déroutant duo récent de Bruit Noir ; Pascal Bouaziz sévit aussi en solo, ou presque, sous le nom Bouaziz tout court mais fort bien entouré sur ce disque sorti en mai dernier et tout juste magnifique : Haikus.
De l’exercice poétique japonais on retient le travail des textes épurés et les arrangements classieux, toute en retenue. Avec 13 morceaux, le premier titre « Que du bruit », vient en contrepoint : prélude à ce qui suit : une ambiance propice au calme intérieur. On s’éprend, on le suit à la trace, dégustant les mots, les textes ciselés, posés là avec une pudeur extrême. La poésie mise ici en musique est susurrée mais forte ; ses refrains lancinants et les mélodies entêtantes servent les propos de l’intime qui se perdent parfois vers un plus large écho. Faussement sombre, la fureur ici est douce et sa beauté touche au magique. Folk, rock, baroque minimaliste, blues ou classique le projet somptueux de Bouaziz est admirablement orchestré. Tout simplement un indispensable « mouton à cinq pattes » comme on les aime. Pour les amateurs, un recueil de poésie « Passages » aux éditions Les Mots et le reste accompagne cette perle sonore.