Une œuvre fantasmagorique, psychédélique, organique de Stéphane Blanquet. À dévorer ! Rencontre :
L’Outil : Vos sources, l’underground ?
Stéphane Blanquet : C’est tout un mélange, les comics américains et en même temps le travail de Roland Topor, de Combas ; il y a eu des confrontations entre l’illustration, la peinture, les comics. La base vient de là. L’éclatement, c’est Topor avec tout ce qu’il a fait, du théâtre, de la peinture, des écrits, des expériences différentes. L’illustration, c’est le sujet imposé. Après il y a les lectures. On s’amuse avec des jouets différents. Je m’adapte à certains médiums, aux contraintes. Je me suis toujours interessé à la diffusion des images, à l’impression d’où mon goût pour les comics.
L’O. : Rêves, cauchemars, votre face noire ?
S. B. : C’est plutôt un pied de nez, quelque chose de joyeux, une libération ! J’aime travailler dans la foule, regarder les détails, j’ai des petits carnets ; je décris mes sensations, mes tourments. C’est pour moi de l’humour qui grince. à la Topor ! Graphiquement, ce sont des paysages organiques, végétaux, un macrocosme. Je n’aime pas quand c’est trop lisse. Je n’aime pas le blanc. Le javellisé me fait peur ! Je travaille à la gouache pour avoir une belle patine, une laque ou avec des acryliques sur d’autres travaux. Il y a beaucoup de travail de plume pour la précision, le ciselage. Je me perds moi-même dans les multiples traits, les hachures, les croisements. Beaucoup de sérigraphies aussi avec des aplats de couleurs pour multiplier les travaux. Dans l’exposition, je vois encore des blancs. Il me semble que c’est encore un peu vide… J’aime le trop plein d’images ! Le spectateur doit rentrer dans le bain, dans le tourbillon. J’accentue les choses.
L’O. : D’où vos installations !
S. B. : Oui, on ne la regarde plus, on est dans l’image ; je présente le train fantôme, l’alcôve… les atmosphères m’amusent… J’ai en projet de grands volumes…
L’O. : Vous êtes éditeur !
S. B. : C’est ma petite danseuse ! Toutes les techniques d’impression me passionnent. On expérimente avec les imprimeurs, les encres, le papier, la densité…
Je ré-édite, après un break de 10 ans, des livres et un journal graphique trimestriel avec une quarantaine d’artistes, le collectif United Dead Artists. J’y retrouve une vraie respiration. Il y a des photographes, des graveurs, beaucoup de jeunes. C’est frais ! Ils appartiennent à mon univers bien sûr. J’aime voir la version imprimée d’un travail d’artiste. Faire de beaux livres, de beaux objets me passionnent. Ce sont des expositions sur papier. Ne pas être forcément dans les musées et diffuser à petits prix des travaux d’artistes, cela permet à tout le monde d’en profiter.
Le Boyau Noir
Wharf. Hérouville Saint-Clair.
Jusqu’au 9 mars.
blanquet.com
Extrait de L’Outil n° 21 février-mars 2012