Gilgogué, la rétro

Gilgogué, la rétro : derniers jours !

L’art multifacettes de Gilgogué, artiste caennais de 70 printemps s’expose en l’église du Saint-Sépulcre à Caen. Ancien ouvrier, cet autodidacte éclairé et éclectique, passionné d’art africain fait de l’œil à l’art brut, à l’art pauvre, aux arts premiers auxquels il conviendrait davantage d’ailleurs de coller le terme d’arts lointains…

L’homme connu pour ses yeux de femmes aux formes girondes ou de cyclopes fût un temps repéré par cette signature : l’œil. Mais cette belle exposition proposée par l’association Arkan permet au visiteur de découvrir des « instants d’années », un choix varié des diverses périodes fécondes du créateur. « Paroles de murs entre peinture d’oreille et instants d’années » en est le titre.

Dans le chœur de l’église ce sont d’abord les toiles, colorées et pensées façons vitraux d’inspiration religieuses qui résident : des chemins et descentes de croix côtoient un curieux totem chinois ! Trois grandes fresques, peintes aussi rendent autant d’hommages. Là le Che, avec toujours des techniques mixtes : papiers journaux collés, recouverts de motifs peints et encadrés d’une frise sur les 4 côtés fait face de loin à un « Van Gogh entre 4 yeux » de même taille. La première fresque elle se trouve dès l’entrée et c’est un hommage à ces dames… Dans l’entrée se trouvent aussi des travaux plus récents, des trios de cartes postales travaillées délicatement et encadrées. D’autres oeuvres récentes interpellent aussi : artiste ramasseur, récupérateur, assembleur il a commis une petites série « à plumes » délicate et habitée qui convoque des loups en trio et des figures échappées de la mythologie vaudou. Intercalées entres fresques et pièces à plumes des pièces en carton d’emballage détournées sont accrochées : entre totem et tabou : cobras, femme, père au autoportrait, elles semblent reconstituer un univers qui cousine avec l’art des mayas. Voici les figures avec boites : des cannettes de bière Gilgogué fait des yeux – encore – ceux de supporters avinés, de réfugiés hallucinés, de rescapés de catastrophes, de figures plus légères aussi. Ces « écrasés » rejoignent un bestiaire fantastique ou plus familier. Des toiles encore mais qui ressemblent à des sculptures, à des lances africaines ou à des sabres réalisés avec des affiches décollées. Gilgogué est un passeur d’histoires, de toutes ses formes habitées il fait un art dit primitif fort bien abouti.

Si la visite vous tente, faîtes vite : le travail de ce lointain si proche est visible jusqu’au samedi 18 mars à l’église du Saint-Sépulcre de Caen.
C’est gratuit !