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vendredi 19 décembre 2025

Luciférine – Symphonie pour bactéries bioluminescentes.
L’artiste Thomas Laigle présentait à l’auditorium de l’Esam ce jeudi 18 décembre 2025 la dernières de ses quatre performances programmées au festival ]interstice[ 1 000. Un moment suspendu où, une fois encore, les trois piliers du festival – rencontre des inclassables -Art, Science et Nature- ont pris leur juste mesure.
Un bruit de fond, le rythme d’une machine, une pulsation lourde emplit l’espace sonore. L’artiste apparait dans un halo bleuté et verse dans une sphère qui communique en escalier avec trois de ses semblables un liquide vert d’eau. Il se place ensuite derrière un pupitre et active une sorte de roue à eau qui déclenche la « coulée ». Délicatement le liquide, des bactéries luminescentes venues du fond des abysses, emprunte ce collier puis se faufile dans un tuyau, matérialisant un serpent de mer qui ondule. Ce fil déclenche des capteurs sonores que l’artiste travaille en boucles aléatoires complétées par une partition jouée en live. Ce curieux orchestre dessine peu à peu une structure qui s’anime parfois de secousses ; la sculpture se dévoile en douces circonvolutions… Au fait de ce circuit apparait une autre sphère (mère – mer) où les bactéries se lovent et s’octroient une courte pause. Puis entraîné par les sons et sous les impulsions du chef d’orchestre le fluide s’échappe. D’un côté il rejoint en petite cascade et en jet le sol dans un cliquetis de gouttes tandis que ce « bras de mer » compose ailleurs un tableau lumineux. Le final approche et la sculpture se dévoile dans des raies de lumière : c’est un curieux attirail, tenu par des filins délicats, une usine à gaz ou un alambic géant composé par un assemblage de pièces de verre. Thomas Laigle, à la manière d’un marionnettiste doublé d’un magicien, réussit dans ce spectacle à émerveiller l’auditoire. Qui ressort de cet instant « volé » au fond des mers enrichi de quelques connaissances scientifiques et apaisé. Luciférine ou Luciférase, c’est le nom de l’enzyme qui permet à ces bactéries à la fois de briller et d’économiser leur énergie (du latin lux pour lumière et ferrer pour porter). Ce spectacle a été rendu possible après qu’une école locale ait élevé et nourri ces êtres venus des fonds marins durant quelques semaines. Et la performance doit être donnée dans les douze heures suivant le repas de ces drôles de musiciennes…

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